Une Journée D’Ivan Denissovitch – Alexandre Soljenitsyne

Titre : Une Journée D’Ivan Denissovitch

Auteur : Alexandre Soljenitsyne

Editeur : Robert Laffont (collection Pavillons Poche)

Nombre de pages : 240

Date de parution : 3 décembre 2015

4ème de couverture : Prisonnier depuis huit ans dans un camp de travaux forcés en Asie centrale sous le régime stalinien, Ivan Denissovitch Choukhov, petit homme bon et débrouillard, est un zek, un détenu dans le langage administratif soviétique. Harcelé par ses bourreaux, le froid et la faim, il s’efforce de survivre avec dignité. Alexandre Soljenitsyne nous plonge dans le quotidien d’une victime des camps de travail, et c’est toute l’horreur de cet univers « hors la vie » qui nous saute au visage.

Critique :

Voici un livre, sorte de récit fictif tirant sur le documentaire, qui fut publié en U.R.S.S. sous Khrouchtchev, au prix de quelques petites tournures modifiées. Un livre écrit par un Nobelisé de Littérature, ainsi un livre qui a bien vite rejoint le début de ma possession.

Nous allons suivre Ivan Denissovitch Choukhov une journée durant, mais qui semblera une semaine. Une journée pleine de souffrances, du lever jusqu’au coucher du personnage dans un camp de travail dans le Kazakhstan-Septentrional.

Au fil des pages, nous suivons la vie au Goulag de Choukhov. C’est un homme simple qui se bat pour sa survie mais aussi pour celle des autres. Au Goulag, il n’y a pas le droit à l’erreur. Le roman se passe en pleine saison hivernale, ainsi il fait bien -30 voire -40 degrés et les hommes travaillent en extérieur comme si l’action se passait en pleine canicule. On a une description des conditions de vie qui donnent la chair de poule.

Ce qui est arrivé à ses hommes est affreux bien que, si l’on en croit cet écrit de Soljenitsyne, il arrive qu’une certaine solidarité s’installe entre les détenus ce qui aide à les maintenir en vie avec une étincelle d’espoir de s’en sortir à peu près vivant. Les priorités des détenus changent, les mots « passé » et « avenir » cessent d’avoir du sens, tant la seule survie dans le présent est une nécessité : l’ignoble pénurie de nourriture est l’obsession de chaque prisonnier, juste avant le froid qui démembre et tue.

Je ne peux pas dire que cette lecture soit difficile ou m’ait donné des envies de sauvetages héroïques. L’écriture est fluide, sans éléments lourds. On avance relativement vite mais le texte n’est pas prenant. Il n’y a pas réellement d’intrigue à proprement parler. Cette journée est surtout un témoignage. Je dois avouer qu’il m’est arrivé de m’ennuyer particulièrement lorsque l’on a une description complète des travaux de la journée : truelle, ciment et parpaing sont trois mots récurrents sur une bonne partie du récit. Mais ces trois mots résument la vie de Choukhov au camp.

Nous restons dans un ensemble qui prend la forme d’une anecdote minimaliste, l’auteur ne souhaite surement pas faire prendre conscience des choses, mais tient juste à exprimer ce qu’il se passe dans ces camps. On apprend peu à peu, au détour d’une remarque, les raisons pour lesquelles quelques personnages se sont retrouvés là. Les privations, la peur, les gardiens qui rackettent, la quasi-certitude qu’on sera incarcéré à vie ; tous ces éléments témoignent d’un style de vie proche de la mort de ces personnages.

Ainsi, je ne peux pas conseiller ou déconseiller un tel livre. Que nous aimions, ou non, il reste à lire pour renflouer sa culture générale, pour un devoir de mémoire, mais également pour prendre conscience de la cruauté dont certains humains faisaient preuve il y a de cela quelques dizaines d’années. Mais je dois bien avouer que, de ce livre, je fus bien heureux d’en m’en être débarrassé.

Citations :

« — Pour sûr, fit Choukhov : le soleil est d’aplomb.
— Si le soleil est d’aplomb, fit le commandant, il n’est pas midi, mais une heure.
Ça épata Choukhov :
— Pourquoi ? Tous les vieux te le diront : c’est à l’heure de midi que le soleil est à son plus haut.
— Oui, fit le commandant, c’était vrai de leur temps. Mais, depuis, il y a eu un décret : le soleil, maintenant, atteint sa hauteur maximum à une heure.
— Pas possible ? De qui qu’il est ce décret ?
— Du pouvoir soviétique. »

« Faire son lit, ici, c’est pas compliqué : on détache la couverture gris crasse bordée sous la paillasse, on s’allonge à même la paillasse (les draps, Choukhov n’a pas dormi dedans depuis – mais oui! – depuis 1941 qu’il est parti de la maison : même qu’il trouve drôle, à présent, que les femmes se donnent, en lessives, tant de tintouin pour une chose qui sert à rien), on met sous sa tête l’oreiller (garni, lui, en copeaux), on s’enfile les jambes dans la veste, on déploie le caban par-dessus la couverture… »

2 commentaires sur « Une Journée D’Ivan Denissovitch – Alexandre Soljenitsyne »

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