Pensez avant de parler, Lisez avant de penser – Fran Lebowitz

Titre : Pensez Avant De Parler, Lisez Avant De Penser

Auteur : Fran Lebowitz

Note : 19/20

Editeur : Pluriel

Genre : essai

Sous-genre(s) : sciences sociales // comique // réflexif // sociétal

Critique :

J’écris aujourd’hui cette critique d’un livre, d’un recueil de textes faisant office d’un essai final, écrit par Fran Lebowitz dont je suis presque persuadé que vous, lisant ces lignes, n’avez pas forcément énormément entendu parler. Fran Lebowitz est une célèbre satiriste new-yorkaise étant devenue connue par ses chroniques cinglantes au sein du journal Interview, créé par Andy Warhol, le sacrosaint culturel des années 70-80. Devenue une icône sociale du grand New-York de la seconde moitié du XXe siècle, tel qu’on l’imagine, elle fait partie de l’intelligentsia américaine, mais sa notoriété n’a absolument jamais quitté les frontières de son pays. Particulièrement connue et amie de tous les plus grands que l’on puisse imaginer des milieux artistiques (comme Lagerfeld, Warhol, Scorsese…), rares sont ses adeptes européens. Elle a fait la réunion de nombre de ses chroniques au sein de deux ouvrages uniquement parus en Amérique : Metropolitan Life (1978) et Social Studies (1981). Ces deux uniques ouvrages sont tous les deux composants de ce livre dont je vous parle aujourd’hui, l’anthologie complète des textes de Lebowitz (le titre en version originale était bien The Fran Lebowitz Reader).

Je n’ai strictement jamais lu un ouvrage tel que celui-ci. C’est fascinant. Il y a un rythme effréné de ces chroniques très courtes, sur des sujets tellement diverses et variés… L’auteur était une inspirée du stylo. Les gens de toutes sortes, les touristes, les riches, les pauvres, les lecteurs, les artistes, les non-lecteurs, les politiciens, le Pape, les adolescents, les agents immobiliers, les enfants en bas âge, les pays étrangers, les villes mondiales… Tout le monde en prend pour son grade de la part d’une satiriste qui se croit fermement au-dessus des autres. Personnellement, je me sais ayant un second degré me permettant d’entendre ce qu’elle raconte sans retenue aucune. Alors certes, il faut avoir un certain recul parfois car ces chroniques ont toutes été écrites il y a, environ, une quarantaine d’années maintenant, ainsi certaines choses ne sont plus actuelles, même si la majorité reste d’une clarté moderne – montrant surtout que le monde n’a jamais réellement changé. Il y a une inflation, un marché immobilier impossible, un mécontentement perpétuel, etc., et tout cela depuis les années 80 sans jamais avoir changé. Pas que des chroniques, il y a parfois des listes pour devenir un bon dictateur, des pastiches d’Arthur Conan Doyle et son fameux Sherlock Holmes, des sortes de nouvelles où elle raconte sa vie ainsi que d’autres montres des signes de désintérêt, des alphabets de bonnes résolutions… Ce recueil regorge d’idées en tout genre qui sont absolument toutes marquées par un cynisme grinçant. C’est probablement le livre le plus new-yorkais que l’on pourrait imaginer, avec tous les clichés de la haute population se pensant plus à même d’exister. Il y a une drôlerie sans nom due au ridicule de certains exemple : de la momager (maman-manager) au Pape marié avec des enfants à la taxe d’imposition sur les pauvres, sur le manque d’argent des enfants (les rendant donc inintéressants) mais ceux-ci sont aisément battables au Scrabble (dont dignes d’intérêt)… Il y a une verve où cette femme se croit vraiment maîtresse d’une prise de tête générale pour que tout le monde reprenne la place qu’il lui appartient. C’est très réfléchi, très intelligent, et d’un sarcasme presque violent.

Un très beau recueil de réparties satiriques sur n’importe quel aspect de la vie. Très new-yorkais, on s’imagine revenir aux Amériques des années 70-80 où fumer dans les restaurants est encore possible tout en critiquant le régime immobilier impossible alors que l’on en fait nous-même partie. C’est froid, drôle, intelligent, et à lire avec l’esprit des années où les chroniques ont été écrites.

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