Etude De Femme – Honoré de Balzac

Couverture du recueil dans lequel peut être trouvée la nouvelle.

Titre : Etude De Femme

Auteur : Honoré de Balzac

Note : 16/20

Editeur : Folio

Genre : nouvelle

Sous-genre(s) : classique // psychologique // portrait Mise en situation : La marquise de Listomère est une femme droite dans son mariage avec le marquis de Listomère. Ils vivent simplement : lui reste assez simple d’esprit dans ses actions, et elle est une femme de principes. Mais lorsqu’elle va recevoir une lettre d’amour enflammée d’un certaine Eugène de Rastignac, elle va voir sa vertu s’étioler malgré elle.

Critique :

Second roman que je lis dans l’univers balzacien, l’ouverture d’un recueil tournant autour des études sur les femmes et leurs comportements. Ici, une très maigre histoire qui se voudra être un simple portrait de la marquise de Listomère – Honoré de Balzac se fige dans la lignée de La Bruyère, et nous avons presque le droit à un caractère ! De plus, pour prouver la volonté de ce portrait, son titre original était « Profil de Marquise » lorsqu’il est paru entre 1831 et 1835 ; c’est en 1845 qu’il prendra ce nom plus scientifique d’« étude ». C’est un récit plein de verve, et piquant ! La marquise de Listomère est, à priori, très heureuse dans sa vie remplie de principes et de volontés. Et c’est par un concours de circonstances qu’elle découvrira malgré elle les plaisirs d’être désirée. Mais l’humiliation et la déception feront d’elle une femme triste et blessée dans son égo ; ce n’est purement que de ça dont il s’agit, du désir faisant plaisir à l’égo, puis cette perte qui fait se remettre en question, avec une dose d’humiliation. Elle avait beau dire qu’elle était droite et avait des principes, la réalité était tout autre. Ce portrait psychologique et social de la marquise de Listomère m’a beaucoup plu ; et je pense que sa concision était nécessaire. Pour prôner l’efficacité de l’effet, Balzac mise tout sur la brièveté qui sert à l’objet.  J’ai été ravi de découvrir Eugène de Rastignac, ce personnage si célèbre de l’ensemble romanesque, dans une œuvre plus courte que les deux dont il est un des personnages principaux (à savoir Le Père Goriot et Illusions Perdues). Il dresse rapidement le ton de sa liaison avec Delphine de Nucingen (personnage principal du Père Goriot), et c’est pour cela que j’ai hâte de les connaître plus fermement. Le rugueux du cœur du personnage de la marquise de Listomère m’a touché, et j’ai su reconnaître la volonté de garder la face, la foi ; là où la femme est ici révélée comme pensant être maîtresse de son destin, se voit objet d’un plus grand marché sur lequel elle n’a aucune prise, et la déception se fait alors grande.

Cette maigre nouvelle de Balzac révèle une femme de principes, à priori froide comme ses propres injonctions. Malgré une concision extrême, l’auteur nous dépeint une femme complexe, au cœur rugueux, et à la volonté de se construire loin des inconvenances. Elle pense être maîtresse de son destin et de l’image qu’elle renvoie auprès des autres, mais elle ne trompe qu’elle, et c’est touchant.