Les Soleils Des Indépendances – Ahmadou Kourouma

Titre : Les Soleils Des Indépendances

Auteur : Ahmadou Kourouma

Note : 11/20

Editeur : Points

Nombre de pages : 196

Date de parution originelle : 1970

Date de parution actuelle : 24 octobre 1995

4e de couverture : Depuis l’ère des Indépendances, la république de la Côte des Ebènes est en proie à de profonds bouleversements. Fama, prince déchu de la lignée des Doumbouya, respecte malgré tout la tradition des anciens. Il organise les processions funéraires et prie Allah pour que sa femme, la belle Salimata, lui donne enfin un enfant. Mais dans ce pays de violence et de misère, ses espérances ont un goût amer…

Critique :

Après La Violence Et La Dérision d’Albert Cossery, après Un Homme, Ça Ne Pleure Pas de Faïza Guène, et après Une Tempête d’Aimé Césaire, il fut le moment d’entamer le dernier livre de mon cours de Littératures Francophones. Un livre d’un auteur apparemment très connu pour son lien avec la francophonie et sa façon d’y participer. Ahmadou Kourouma, auteur ivoirien, a publié Les Soleils Des Indépendances en 1968, et il s’agit de son premier roman.

Je vais être très honnête en vous disant qu’il sera impossible pour moi de vous faire une mise en situation correcte de ce roman ; ainsi je vous met à disposition un court texte trouvé sur la page Wikipédia de l’œuvre en question, ces lignes feront un meilleur travail que moi je ne le pourrais : « Le roman narre les mésaventures de Fama Doumbouya, un Dioula dont le commerce a été ruiné par les indépendances et l’apparition de nouvelles frontières du fait de la balkanisation de l’Afrique-Occidentale française qui en a résulté. »

Vous mentir serait de dire que ce livre est simple d’accès. Beaucoup d’éléments rendent le texte assez primitif, et alors, nous nous en éloignons. La langue est l’un des principaux critères qui font que nous lisons une œuvre : que l’on soit affecté par les effets de style, la recherche, ou bien l’affinité habituelle que l’on acquiert avec la plume d’un auteur que nous lisons à répétition ; tous ces degrés d’attrait à la langue nous formattent. Ici, la langue est presque étrangère, nous suivions les pages remplies d’expressions et termes (oralisés pour certains) bien connus de l’auteur, venant tout droit de sa propre culture, mais qui nous sont très éloignés. La langue du texte m’a été une barrière à la bonne compréhension du texte, et cela m’a affecté.

Ce livre, outre l’accessibilité moyenne, est un manifeste pluri-interprétatif. Il est absolument ouvert et se peut d’être envisageable de toutes les façons. C’est un conte, une fable, sombre et morbide parfois. À la fin d’un noir de suie. C’est une fiction, une histoire, mais tout en ce livre se voit ré-interprétable selon des phénomènes courants d’Afrique dans l’ère récemment post-coloniale. Malgré les termes changés, les noms modifiés, les actions brouillées et les pages brûlées, nous pouvons envisager ce livre comme une fable, ode à la liberté, et en même temps, des pratiques insultées. La période post-coloniale faisant tout autant mal que la colonisée. C’est avec le recul, et les cours, que j’ai pu comprendre cette transparence interprétative ; mais le tout m’a semblé bien trop peu concret à mes yeux.

Un autre détail m’ayant rendu la lecture ardue : le personnage principal. Fama était pénible du début à la fin, plaignant, contraignant, dans une pensée oubliée… J’ai eu beaucoup de mal à le supporter. Mais une autre perspective m’a permis d’avancer dans ma lecture doucement mais surement – les passages de la vie d’antan de ce personnage féminin fameux, Salimata, douce tragique, presque grecque, à l’envie de vivre furieuse et sauvage. J’ai beaucoup apprécié ces passages déchirants, et ils m’ont aidé à passer outre mon agacement concernant la langue et l’attitude de Fama.

Je conclus ici ce dernier article concernant mes lectures scolaires de seconde année de licence en Lettres Modernes. Je n’ai pas apprécié ce livre pour de très diverses raisons, mais toutes en corrélation. La langue de la narration m’a fortement mis sur mes gardes, si bien que je n’ai pu nullement trouver autre qu’une pente glissante, sans pouvoir me fixer aux mots. Le personnage de Fama m’a été détestable. Il n’y a que les passages concernant Salimata qui m’ont poussé à continuer la lecture.

Citations :

« Comme tout Malinké, quand la vie s’échappa de ses restes, son ombre se leva, graillonna, s’habilla et partit pour le lointain pays malinké natal pour y faire éclater la funeste nouvelle des obsèques. Sur des pistes perdues au plein de la brousse inhabitée, deux colporteurs malinké ont rencontré l’ombre et l’ont reconnue. L’ombre marchait vite et n’a pas salué. »

« La politique n’a ni yeux, ni oreilles, ni cœur; en politique le vrai et le mensonge portent le même pagne, le juste et l’injuste marchent de pair, le bien et le mal s’achètent ou se vendent au même prix. »

« Fama Doumbouya ! Vrai Doumbouya, père Doumbouya, mère Doumbouya, dernier et légitime descendant des princes Doumbouya du Horodougou, totem panthère, était un « vautour ». Un prince Doumbouya ! Totem panthère faisait bande avec les hyènes. Ah ! les soleils des Indépendances ! »

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