Les Acteurs De Bonne Foi – Marivaux

Voilà le dernier article consacré à la triade des pièces de Marivaux, toujours lu dans le cadre de mes cours de littérature théâtrale. Cette pièce était peut-être celle qui me tentait le moins de tout le recueil, je ne sais aucunement pourquoi, peut-être que l’intrigue m’intriguait moins, ou alors avais-je bien hâte de laisser Marivaux de côté ? Enfin, je n’ai pas pensé grand-chose de cette pièce, cet article ne sera pas long.

Pour égayer ses fiançailles avec Angélique, qu’il aime, Eraste veut faire une surprise en demandant à Merlin d’organiser un spectacle avec les domestiques de la maison : lui-même (Merlin), Blaise, Colette, et Lisette. Mais évidemment, dans une bonne comédie, rien ne se passera comme prévu.

Ce qui est intéressant avec cette pièce, c’est qu’elle vient conforter l’idée d’une véritable liaison dans le recueil duquel elle est issue. Un point majeur relie ces œuvres : l’importance de la comédie et le méta-théâtre. Le méta-théâtre est un théâtre mettant en abyme le phénomène théâtral (ou le théâtre dans le théâtre), la théâtralité ou proposant une réflexion sur le théâtre en général ou encore sur la propre dramaturgie de l’écrivain. Ici, une pièce dans laquelle des personnages jouent entre eux dans un imbroglio sentimental censé être libérateur et même éclaircissant.

Dans cette pièce, tout est fait pour exacerber le rire, le rendre fort, fort et presque forcé, en réalité. Des trois pièces, je pense qu’elle est celle qui m’a le moins touché car elle me semblait bien trop médiocre face aux deux autres (surtout face au coup de cœur que me fut La Dispute). J’ai bien aimé la perplexité omnipotente des personnages qui se perdent encore et encore dans leur propre jeu, ou qui ne comprennent pas qu’ils sont en train de jouer une pièce de théâtre et qui créent donc des quiproquos absolument amusants en début de pièce mais qui finissent par devenir redondants et même pénibles au bout de quelques pages seulement. C’est bien dommage, mais c’est évidemment fait pour être drôle : cette redondance et répétition des mêmes gags. Tout est fait pour forcer le rire, comme le caractère des personnages, aussi, qui sont presque – ou même totalement – stéréotypés. Ils m’ont épuisé, et les côtoyer ne serait-ce que pour la courte durée de la pièce me fut éreintant.

Aussi, là où nous découvrons finalement des choses intéressantes aux environs des deux tiers de la pièce, la politique des bonnes mœurs intervient et rend la situation à la normale, comme elle devrait être selon les codes moraux et étiques du XVIIIe siècle. Comme dans L’Epreuve, du même recueil, nous avons le droit à une fin politiquement correcte et si je m’en remets au contexte historique et aux esprits clos de l’époque, je trouve que c’est une bonne fin ; mais elle m’a laissé sur ma faim.

Court article, je m’arrête ici. Cette pièce, dernière du recueil, est celle qui m’a le plus laissé de marbre. Avec un comique tant exacerbé que cela en devient vite pénible et fatiguant.

Passages et citation :

« MERLIN : Quoi ! chère Colette, votre cœur vous dit quelque chose pour moi ?
COLETTE : Oh ! Il ne me dit pas queuque chose ; il me dit tout-à-fait.
MERLIN : Que vous me charmez, belle enfant ! Donnez-moi votre jolie main, que je vous en remercie.
LISETTE (interrompant.) : Je défends les mains.
COLETTE : Faut pourtant que j’en aie.
LISETTE : Oui ; mais il n’est pas nécessaire qu’il les baise. »

« ÉRASTE. Mais, dis-moi, cette comédie dont tu nous régales, est-elle divertissante ? Tu as de l’esprit ; mais en as-tu assez pour en faire quelque chose de passable ?
MERLIN. Du passable, Monsieur ? Non, il n’est pas de mon ressort ; les génies comme le mien ne connaissent pas le médiocre ; tout ce qu’ils font est charmant ou détestable ; j’excelle ou je tombe, il n’y a jamais de milieu. »

« ÉRASTE : Voulez-vous qu’une comédie décide de mon sort, et que ma vie dépende de deux ou trois dialogues ? »

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