Le Bureau De Poste De La Rue Dupin – Marguerite Duras & François Mitterrand

Titre : Le Bureau De Poste De La Rue Dupin – et autres entretiens

Auteurs : Marguerite Duras & François Mitterrand

Note : 14/20

Editeur : Gallimard

Genre : entretiens

Sous-genre(s) : politique // historique

Critique :

Marguerite Duras et François Mitterand sont tous deux amis de longue date, nous le savons bien grâce aux multiples textes de Duras dans lesquels elle parle de lui. Pour bien comprendre ce recueil, je conseille fortement d’avoir lu La Douleur auparavant, histoire de bien comprendre les enjeux qui se dégagent de leur lien et du premier entretien du texte – le plus important, et donnant son nom au recueil. Marguerite Duras a rencontré Robert Antelme en janvier 1936, et ces deux se sont retrouvés petit à petit de plus en plus engagés dans la résistance de la seconde guerre mondiale avec un troisième, Dionys Mascolo, qui deviendra l’amant français de Duras, et le père de son enfant. L’appartement qu’occuperont ces trois dissidents en plein cœur de Paris sous l’occupation, deviendra le repère d’un groupe de la Résistance, le RNPG dont François Mitterand était le chef. Il les rejoindra, avec de nombreux autres, formant ainsi le groupe de la rue Saint-Benoît. Le 1er juin 1944, le groupe tombera dans un guet-apens, alors au bureau de poste de la rue Dupin où une réunion devait s’y produire. Marguerite Duras et François Mitterand s’en tireront de justesse, mais ce n’est pas le cas de tous : Robert Antelme, parmi d’autres, se fera alors arrêter par la Gestapo. L’attente de Duras face à l’absence sera alors narrée dans La Douleur. Pourquoi raconte-je cela ? Tout simplement parce que c’est le sujet primaire de ce recueil, c’est le sujet primitif du lien entre les deux entretenus. Sur les cinq entretiens, le premier parlera presque uniquement de ce sujet épineux de tristesse, de mauvais (et bons) souvenirs. Suivront ensuite quatre autres entretiens aux sujets absolument diverses et variés : « Le dernier pays avant la mer », « Le ciel et la terre », « Africa, Africa » et « La Nouvelle Angoulême ». Au travers de ces entretiens se déroulant à l’Elysée en 1986, tous les sujets seront abordés : la mort, les espaces, la mer, la campagne, Paris, la politique, l’Histoire, les différents états de l’Afrique, le nucléaire, les Etats-Unis et son président (Ron Reagan, à l’époque), le nationalisme, le manque d’informations et d’implication dans la politique, l’immigration, le racisme, la défense sociale, Israël, les scandales parisiens, etc. Je ne connais franchement pas grand-chose à tous ces sujets que j’ai en revanche trouvé très actuels malgré l’époque – ces entretiens passés il y a près de quarante ans et qui parlent de sujets encore très actuels. C’est bien troublant de voir à quel point les temps n’ont pas vraiment changé –, mais les lire m’a appris beaucoup de choses.

Ces entretiens sont suivis de plusieurs annexes qui m’ont encore plus touché que lesdits entretiens. Il y a tout d’abord un texte de Yann Andréa, qu’on ne présente plus, nommé « L’adieu du Boulevard Raspail » sur la dernière fois que se sont vus les deux amis dont les noms se trouvent sur la couverture du recueil. C’était un texte très touchant d’un point de vue extérieur à cette amitié, mais qui arrive à faire ressentir cette épaisseur d’une cinquantaine d’années. Ensuite se trouvera un témoignage poignant de Jean Munier, « Le bureau de poste de la rue Dupin », narrant le jour de l’arrestation de Robert Antelme par la Gestapo, ce 1er juin 1944. Et puis viendra un extrait retranscrit d’un film documentaire de Jean Mascolo (fils de Dionys Mascolo et Marguerite Duras) sur le premier amour de la propre mère du réalisateur : « Autour de Robert Antelme ».

Cette petite série d’entretiens tient pour sujet majoritaire cette journée de l’arrestation de Robert Antelme par la Gestapo à la poste de la rue Dupin, évènement déjà narré dans La Douleur. Ici, il n’est pas romancé, ce sont des faits très réels qui sont expliqués, avec d’autres comme la politique, l’Histoire, le nucléaire, la mer, le racisme… J’y ai appris beaucoup de choses avec émotion.

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