Agatha – Marguerite Duras

Titre : Agatha

Auteure : Marguerite Duras

Note : 18/20

Editeur : Editions de Minuit

Genre : pièce de théâtre

Sous-genres : contemporain // sentimental // drame

Mise en situation : Un frère et sa sœur, Agatha, parlent ensemble. De rien, vraiment ; aussi de tout. Celle-ci doit partir avec celui qui sera connu comme son amant, quittant alors son amour de toujours, l’amour qui ne se dit pas. L’amour qui se cache.

Critique :

Petite pièce de théâtre de Marguerite Duras, une nouvelle qui me permet la profondeur de l’auteure. Elle m’a attiré par la première phrase de sa quatrième de couverture : « L’inceste ne peut être vu du dehors. » Je juge presque impertinent que cette pièce ait réussi à me faire avoir de l’empathie envers une relation que je juge fondamentalement, éthiquement et politiquement incorrecte. Ici, plus aucune donnée n’est applicable pour ressentir. Il est question ici d’un amour perdu entre un frère et sa sœur. Ils s’aiment, lui peut-être plus, ou bien elle peut-être moins. Ou d’une façon différente, à présent. Ils arborent des statuts relationnels qui ne sont plus en adéquation, et alors nous assistons à une séparation, à la fin d’un monde connu, et surtout inconnu à nos yeux, qui ne peut être qu’imaginé, sans jamais être égalé. Jamais nous ne pouvons imaginer une chose pareille se produire, mais si elle arrive, c’est pour des raisons qui sont, elles existantes. Ici, on ressent l’amour, la perte silencieuse. Un amour à la Marguerite Duras, un amour qui n’est pas fou, déluré ou enfantin, plutôt sage, réfléchi, et paisible. Et cet amour tombe. L’amour tombe, dur, et éclate une fois atteignant la surface du sol. Agatha est là, et ne s’en va pas, encore, tandis que lui, probablement, mourra de chagrin lorsqu’elle sera partie. Cela arrive souvent, mourir d’amour. Et la présence scénique ne peut que prédire cette mort qui ne sera jamais clairement exprimée, que je ne fais qu’analyser. Ici, la douleur crie encore plus fort que l’amour, avec un champ sémantique musical décriant la forteresse de cœur des personnages qui se déchirent mutuellement sans vraiment le vouloir, et cela l’a toujours été, un déchirement. Marguerite Duras a toujours quelque chose à faire passer dans ses œuvres, et je ne pensais pas vraiment voir un jour un inceste respirer à l’air libre au sein de son Œuvre, même si finalement, avec le recul, je ne suis que le moins étonné du monde.

Cette très courte pièce est des plus déchirantes. Ne pas savoir quoi vraiment en dire est signe fort, et on se dit tous condamner les actes d’inceste, mais la vérité est qu’on perd tout sens de la réalité face à la fanure qu’est l’amour qui se perd devant nos yeux enchaînés. Quand on lit cette pièce, on étouffe, on perd le souffle et on pleure.

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