Trèfle – CLAMP

Titre : Trèfle

Auteures : CLAMP

Moyenne de mes notes : 20/20

Editeur : Pika Edition

Nombre de volumes : 2 (dans cette récente réédition)

Date de parution originelle : 1997 – 1999

Date de parution actuelle du premier tome : 12 janvier 2022

Date de parution actuelle du dernier tome : 23 mars 2022

4e de couverture du premier tome : Kazuhiko, un ancien officier des services secrets, est chargé par le général Koo d’escorter une étrange jeune fille, Suh, jusqu’à un lieu secret. Mais l’armée de Azligt, un pays ennemi, convoite cette enfant qui semble détenir des secrets d’État primordiaux.

ARTICLE GARANTI SANS SPOILERS

Critique générale de la saga :

Les amateur.e.s de mangas devraient connaître le nom de CLAMP, ces quatre femmes (autrefois bien plus nombreuses) formant l’un des collectifs de mangakas les plus connus du milieu. J’avoue que pendant très longtemps, je n’ai entendu parler d’elles que par leur saga nommée Card Captor Sakura, l’un des mangas fondateurs du genre des ‘magical girl’. Mais c’est depuis récemment que je me mets à de plus en plus m’intéresser à leur cas et toutes leurs créations, j’y ai fait de très bonnes découvertes (notamment le fait que ces femmes soient à l’origine du design des personnages d’un de mes animés préférés : Code Geass). Beaucoup de leurs œuvres sont abandonnées ou peu lues, exceptée cette saga citée plus haut. Ce manga dont je vais vous parler aujourd’hui en fait partie. Publié pour la première fois dans les années 90 au sein d’un magazine nippon, ce manga est sorti en quatre tomes et était prévu en six ; mais l’arrêt de diffusion du magazine a stoppé la parution du manga malgré lui. Ainsi, nous n’avons eu que quatre tomes pour cette saga, et Pika nous a offert une réédition de cette saga en 2022, en seulement deux tomes comportant les quatre (deux double-tomes, donc).

Vous faire une mise en situation sera compliqué pour moi, ainsi, je vous conseille de faire comme moi j’ai fait avant de lire la saga : vous en tenir à la 4e de couverture qui reste assez explicite tout en étant floue.

Je pense que l’une des spécificités de ce manga est que l’on est plongé, en son sein, dans un univers très riche suivant des codes sociétaux et sociaux très strictes, mais dont nous nous tenons éloigné à une juste distance afin de juste en admirer les contours sans vraiment avoir l’occasion de prolonger l’expérience. Je pense qu’il est une bonne chose que de savoir rester à la frontière entre la connaissance et la méconnaissance d’un univers afin d’en respecter la part de mystère et de secrets cachés en celui-ci. Pour une saga en deux volumes, connaître un univers entier aurait été tout sauf convenable et c’est pour cela que j’admire les mangakas de cette maîtrise concernant ce que l’on doit apprendre pour suivre, mais le strict minimum afin de laisser libre court à l’imagination concernant l’œuvre. La retenue est parfaitement maitrisée.

Au sein de cet univers épuré, il est évident que les personnages tiennent le même traitement. Il est question de personnages très blancs dans leur présence : nous ne les croisons que peu de fois et ils tiennent différents rôles pour aiguiller l’histoire principale ne se passant qu’au sein du premier tome. Tous ces personnages donnant une explication supplémentaire concernant l’histoire où l’univers. Nous ne les voyons que peu de temps et sur peu de pages, mais chacun a son importance et tous ensemble, ils forment une maquette à échelle réduite de l’univers dans lequel ils vivent. Le tout forme une ambiance aux allures presque mystiques.

Cette courte et mince saga de mangas est d’une parfaite poésie. Les mots sont toujours justes et disséminés avec parcimonie. Ils se font rares afin de ne pas envahir la pensée du lecteur. C’est à peine si les bulles parolières servent à nous aiguiller au sein de l’univers. Elles tiennent des sonorités toujours très calmes et posées. Les bulles poétiques nous emportent loin, dans un univers inconnu, et nous font oublier la mort omniprésente dans ces tomes. Peut-être que la poésie fusionne avec la mort, je ne sais pas. Une sorte de doux poème, une chanson, est répété sans cesse, et nous caresse dans un mouvement valsant de retour, comme une comptine funèbre.

Ce manga est signé CLAMP, superbe collectif de mangakas, et est donc vêtu d’une esthétique à couper le souffle, littéralement. Parfois, je me réalisais en train de rêver, arrêté sur l’une des pages, tant sa beauté m’estomaquait. Il s’agit de ma première saga que je lis intégralement venant de ce collectif qui s’est déjà fait une place profonde dans mon cœur et mon esprit à cause, spécifiquement, de la beauté de leurs dessins. Suivant un style un petit peu ancien concernant les personnages aux visages pointus et aux yeux disproportionnés, les arrière-plans sont sublimes et relèveraient presque de la photographie tant les paysages sont précis et réalistes. Aussi, leur plume est d’un détail et d’une finesse dont je ne connais personnellement pas les limites.

La finesse artistique nous offre également de très nombreux jeux poétiques et symboliques dans la codification et l’organisation des pages du manga en question. Trèfle, c’est un passage incessant entre les organisations sur pages simples, puis dessins ancrés sur des doubles-pages. Il y a des jeux de symétries entre les pages de gauche et les pages de droite, des jeux d’ « ombres chinoises » ou bien encore des effets visuels prenant avec notamment des jeux de figures blanches sur fond noir, et vice-versa.

Le manga tient une organisation bien spéciale puisque chaque tome peut techniquement se lire dans l’ordre que l’on souhaite, mais il est évidemment conseillé de s’impliquer dans le premier avant le second. Dans le premier tome, nous suivons les personnages de Kazuhiko et Suh qui s’aventureront ensemble dans le monde hostile, et ce même tome sonnera une fin tristement belle. Cette fin sera la toute fin. Le second tome nous ramène dans le passé proche, avant le premier tome, et nous suivrons quelques autres personnages qui formeront tous un lien avec l’histoire de Suh. Dans le second tome, nous apprendrons notamment la signification du « trèfle » omniprésent, nous apprendrons l’origine de cette fameuse comptine recitée tout au long des pages, etc. Ce second tome est une sorte de préquel, puisqu’il se passe avant le premier tome, mais il est hautement recommandé de ne le lire qu’en seconde position afin de mieux vous plonger dans l’univers sombre des CLAMP et de leur triste diptyque. Si le manga est affilié à la catégorie du seinen, ce n’est pas pour rien, je vous le promets.

De ce manga est sortie une adaptation en un petit court-métrage de 7 minutes avec une douce musique de fond et presque pas de paroles. Cette courte vidéo est absolument fabuleuse, elle est touchante et prolonge le plaisir que de rester dans l’univers du manga un tant soit peu, mais je conseille de ne la voir que si le manga fut déjà lu auparavant. Le manque de paroles va juste vous faire plonger dans un superbe univers mais dont vous ne comprendrez strictement rien. En tout cas, je vous mets tout de même le lien vers ce court métrage juste ICI.

Voici pour ce très long article. Il est vrai que cette œuvre n’est pas la simple pour commencer la bibliographie du collectif des CLAMP, mais pour sortir de l’image que l’on a habituellement du collectif comme producteur de shojos (comme Card Captor Sakura ou Magic Knight Rayearth). Ici, une histoire poétique qui sonne comme un diptyque hautement maitrisé et assez dévoilé pour en garder le mystère. Un travail d’orfèvre que cette saga !

Quelques planches et illustrations non-spoilantes :

Un avis sur « Trèfle – CLAMP »

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