Les Mille Et Une Nuits, tome 1 – Collectif

Titre : Les Mille Et Une Nuits, tome 1

Auteur.e.s : collectif anonyme

Note : 14/20

Editeur : Folio

Nombre de pages : 658

Date de parution : 23 avril 1991

4e de couverture : « Que tous les hommes généreux, les seigneurs vertueux et glorieux le sachent, le but de ce livre exquis et passionnant est d’instruire. Ce que l’on y raconte forme l’esprit, ce que l’on y comprend le fortifie. Il s’adresse aux Grands de ce monde. On y apprendra l’éloquence, on y recueillera la chronique des premiers rois du monde, on y suivra de nobles récits. Écoutez-les ! Vous y découvrirez comment déjouer les ruses en lisant sur les visages. Vous vous divertirez et vous vous réjouirez. Vous chasserez le souci qui dure et tout malheur qu’endure l’homme aux troubles du temps livré. »

Critique :

Je suis bien surpris de vous présenter un tel titre sur ce blog, car, voyez-vous, je n’ai pas l’habitude de lire de lire des livres classiques orientaux. Mais cela fait un petit moment que je me tournais vers ce classique absolu qui m’intriguait par son côté « mystique » et tout le bruit tournant autour de lui. Incertitudes. Et je fus bien content de découvrir que ce titre allait être sujet à quelques-uns de mes cours d’université. Je l’ai donc lu avec une joie de le découvrir. Ce livre est lu et étudié dans le cadre de mes cours de Littératures Mondiales.

Pour faire une mise en situation (assez résumée), je pourrais dire que c’est l’histoire de deux rois qui inaugure ce long récit. Shâh Zamân et Shâhriyâr, deux frères, un cadet et son aîné. Le plus jeune se prépare à rendre une visite à son frère aîné, mais lors de son départ, il surprendra sa femme le tromper avec un esclave noir. Après les avoir tous les deux tués, il arrive chez son frère, Shâhriyâr. Celui-ci se rendra aussi vite compte que sa femme le trompe avec un esclave également. Les deux frères ont maintenant une rage contre la gent féminine. Le plus vieux des frères décidera de prendre une mesure radicale : tous les jours, une nouvelle femme vierge sera à sa disposition au palais, il lui fera des choses sexuelles à sa guise avant de l’exécuter. Ce sera tous les jours la même rengaine. Jusqu’au jour où une jeune fille du nom de Shahrâzâd (ou Shéhérazade) se sacrifiera pour satisfaire au roi : tous les soirs, elle racontera une histoire à celui-ci afin d’échapper à la mort.

Cette œuvre majeure fut transcrite manuscritement, pour la première fois, au 10e siècle. Mais elle existe depuis plus longtemps que cela, sûrement depuis l’Antiquité. Cette histoire fut transmise oralement pendant des années dans la triade des territoires d’origine de ce récit : l’Inde, la Syrie et l’Arabie. Ainsi, il y a un contexte immense et à la fois très incertain concernant cette histoire. Beaucoup de personnes se chargeaient de raconter l’histoire tout en changeant des détails, plus ou moins importants. Et c’est bien normal, il n’y avait aucune trace concrète et écrite la concernant, ainsi l’histoire était informe, métamorphe et prenait la forme que les conteur.euse.s lui donnaient.

Et ce fut le cas jusqu’à très tard ! Même si ce livre est l’œuvre magistrale, classique, du monde oriental, elle resta bien confidentielle jusqu’au 18e siècle en Occident. L’une des première traduction occidentale est celle d’Antoine Galland qui s’est vu enlever des contes du corpus, ou bien en rajouter de son propre esprit (notamment les bien célèbres Aladin Et La Lampe Merveilleuse, Sinbad Le Marin ou encore Ali Baba Et Les Quarante Voleurs qui furent ensuite associés aux Mille Et Une Nuits comme si ces contes en faisaient réellement partie, alors que non, en réalité). Cette traduction que j’ai eu entre les mains, éditée chez Folio, est considérée comme l’édition de référence absolue concernant cette œuvre. Le travail de Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel fut tellement remarqué – car ils ont réalisé la traduction la plus proche du manuscrit du 10e siècle – qu’il fut pris pour référent : cette traduction et ces notes sont présentes dans la version de la Pléiade du récit.

Le concept de cette œuvre classique est bien connu, nous suivrons Shahrâzâd qui raconte toutes ses histoires. Et c’est un corpus de contes plus ou moins merveilleux qui formeront cette œuvre monumentale. C’est pour cela que cette œuvre est si simple et en même temps si compliquée à suivre. Nous avons un véritable récit à tiroirs devant nous : un narrateur extradiégétique va nous conter l’histoire de Shahrâzâd qui elle-même va conter des histoires, et parfois, au sein même des histoires qu’elle racontera, certains personnages raconteront aussi des histoires ! Un narrateur nous conte un personnage qui conte des personnages qui parfois content aussi. Aucunement le temps de reprendre son souffle, les pages défilent, les histoires s’enchaînent, le temps et les nuits passent. C’est cela qui est assez complexe à comprendre dans cette œuvre : tous ces personnages qui s’enchaînent et qui se lient, sans pourtant n’avoir de lien avec le conte-cadre (celui de Shahrâzâd et du roi Shâhriyâr), ce sont des contes, il faut donc comprendre le fait de délaisser les personnages rapidement ou bien de les retrouver avec eux-mêmes qui racontent d’autres fables. C’est la grosse difficulté du récit.

Mais pourtant, contre toute attente, c’est un livre très facile à aborder par le vocabulaire, c’est très simple de compréhension. Enfin, ce n’est pas aussi abordable qu’un roman contemporain, mais ça l’est tout de même ! Tout dépend de la littérarité de le.a lecteur.rice, évidemment.

Je n’ai jamais abordé de tel folklore d’une quelconque façon, c’était, pour moi, une lecture très inédite. Mais ce folklore mi-perse, mi-indien, mi arabe était également très inédit dans le reste du monde car c’est un récit qui reste assez peu traduit et peu transmis (même si ce livre est Le grand classique de toute cette partie du monde, l’Orient). Mais n’oublions pas que ce sont des histoires anciennes, nous avons ainsi représentations d’entités anciennes, courantes et folkloriques orientales : des djinns, des goules, des démons et génies ornent ce monstrueux corpus de contes, et ce fut très intéressant de s’immiscer dans les croyances et les mythologies de l’Orient qui m’étaient encore très éloignées.

Enfin, j’arrête ici ma rédaction de ce bien long article. J’ai longtemps mis comme une aura de mystère autour de ce récit, il m’intriguait mais m’apeurait sûrement. Grâce à mes cours, j’ai eu l’occasion de briser cette intimidation afin de m’y plonger. C’est un récit finement construit, avec un contexte historique complexe. Mais l’ensemble m’a bien plu même si la forme du ‘récit à tiroirs’ m’a perdu parfois. A lire au moins une fois dans sa vie.

10 commentaires sur « Les Mille Et Une Nuits, tome 1 – Collectif »

  1. L’Intemporel que je souhaite lire depuis des années. Dans les livres que j’ai lu, ils en faisaient référence de quoi me donner encore plus envie de me le procurer.
    Merci pour tes mots que je craignais également l’œuvre inabordable et finalement, tu me rassures.

    Aimé par 1 personne

    1. Heureux je suis que de te rassurer. S’il te tente bien depuis longtemps, comme je ne doute pas au vu de ce que tu me dis là, n’hésite pas à foncer ! Même s’il fait peur à aborder, c’est illusoire. Et il est évident que je te recommande cette éditions, précisément, la plus fidèle au texte d’origine – dans la mesure du possible.

      J’aime

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer