Mordre Au Travers – Virginie Despentes

Titre : Mordre Au Travers

Auteure : Virginie Despentes

Editeur français : Flammarion (collection Librio)

Nombre de pages : 128 pages

Date de parution : 4 mars 2020

4ème de couverture : « De la confiture aux cochons, cette fille superbe et si tentante, avec ses seins splendides et son ventre bombé, ses ongles toujours rouges et ses chevilles tellement fines. Je ne pouvais pas croire qu’il savait quoi en faire, pas comme moi j’aurais su. » Des femmes qui vendent leur corps, qui le punissent de ne pas être comme celui des autres ou de porter le fruit d’un désamour, qui le fantasment dans des ébats sulfureux… Évocations tranchantes d’un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants, ces nouvelles disent violemment le désir et le refus du désir, la colère, la honte inavouée, les excès d’amour, ou encore la folie meurtrière.

Critique :

Petit replacement de contexte car, oui, cette lecture sort totalement de ce dont j’ai l’habitude de lire. Honnêtement, je sais qu’il ne faut pas se fier aux apparences, ni aux bruits de couloirs, mais avec la réputation que s’est faite l’auteure au fil des années, il était impensable pour moi de lire un livre de Virginie Despentes. J’ai acheté ce recueil de nouvelles sur un coup de tête monstrueux car je me disais « hum…j’ai envie d’acheter, mais je ne sais pas quoi ; je vais donc acheter le premier livre qui me tombe sous la main ! » Il s’avérait que c’était du Despentes, et un recueil de nouvelles de plus (il faut savoir que j’ai une sainte HORREUR des recueils de nouvelles).

J’ai vite voulu me débarrasser de ce livre de ma PAL, ainsi je l’ai très rapidement lu ; ET J’AI BIEN FAIT DE NE PAS LE FAIRE TRAÎNER !

Moi qui aime les plumes poétiques, les livres qui font passer des messages subtils, ou encore qui usent d’une véritable beauté linguistique, je ne peux pas dire que je fus servi car Virginie Despentes a, apparemment, un style absolument contraire à ce que j’apprécie habituellement. Ce recueil a une plume qui « fonce dans le tas », percutante, et à la limite du grossier-pas-vraiment-maîtrisé.

Le style, direct et qui ne tourne pas autour du pot sert de point positif dans ce recueil. Nous avons une douzaine de nouvelles extrêmement courtes pour rentrer dans un recueil de cette taille. Certaines nouvelles font 15-20 pages, d’autres 3 ; c’est un recueil inégal, mais les nouvelles ont toutes un point commun : elles parlent toutes de femmes qui souffrent, brisées, des personnages vrais, qui en ont bavé dans la vie ! Femmes belles, moches, elles s’assument, elles font des choix, et surtout ce sont des femmes qui balancent un doigt d’honneur à la vie !

11 nouvelles exactement qui ont pour thèmes, des thèmes très variés comme les meurtres, le viol, le terrorisme, la violence, les mutilations (qu’elles soient personnelles ou exercées sur autrui), du dégoût de soi (à comprendre, les caractères autodestructeurs), l’amour et la passion bien trop pesante.

Pour finir, il faut faire attention au Trigger Warning écrit en gras en bas de la 4ème de couverture, ce recueil n’est pas à mettre sous toutes les mains. Déjà du Despentes sous toutes les mains…je suis contre concernant l’image qu’elle renvoie de ses romans, mais ce recueil est d’une violence EXTREME. Personnellement, je n’en fus pas choqué ni dérangé car j’adore les éléments aussi trash que les sujets cités ci-dessus, mais pour certaines personnes moins « expérimentées » ou avec un regard plein de douceur sur le monde, ce recueil pourrait être perçu comme un ramassis de courts textes écrits dans l’unique but de choquer. On pourrait trouver ce recueil sordide, malaisant, voire même obscène et immonde ; ça l’est sûrement, mais je n’ai pas un avis objectif ; après tout j’adore lire ce genre de choses.

Citations :

« Elle pensait à son amant à elle, à qui elle ne dirait rien. Elle pensait à toutes ces semaines qu’ils venaient de passer ensemble et comme l’argent les obsédait. Mille francs, pour se faire lécher les pompes. Elle pensait à son amant à elle, comme c’était humiliant pour lui. Comme c’était humiliant pour elle. Comme c’était humiliant d’être pauvre. Et il y avait dans cette ville plein de trépanés de ce genre, pour qui mille francs relevaient de l’anecdote. Et ils ne les donnaient pas. Sauf si on se laissait lécher les pompes, sauf si on voulait bien rentrer dans leur jeu. Dans leurs sales jeux, leurs jeux grotesques d’hommes de pouvoir qui ne bandent que s’ils se livrent à des pitreries. »

« Tout ce qui semblait simple pour les autres devenait un vrai casse-tête pour lui. Le seul truc pour lequel il avait de vraies dispositions, c’était souffrir, c’était la douleur. Y a qu’en ça qu’il battait tout le monde. »

« Depuis qu’ils étaient ensemble, elle n’avait plus besoin de porter des talons et du fond de teint. Elle a compris pour la première fois que ça lui aurait plu. Elle a trouvé ça triste parce que c’est un truc de pute, pas un truc de fille qui veut du bien aux garçons. Et encore moins un truc de fille qui va bien. »

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