La Nostalgie Heureuse – Amélie Nothomb

Couverture du format broché
Couverture du format poche

Titre : La Nostalgie Heureuse

Auteure : Amélie Nothomb

Editeur : Albin Michel (puis Le Livre de Poche)

Nombre de pages : 162 pour le format broché / 160 pour le format poche

Date de parution : 21 août 2013 pour le broché / 7 janvier 2015 pour le poche

4ème de couverture du format broché : « Tout ce que l’on aime devient une fiction. » Amélie Nothomb.

Critique :

Ça y est, le dernier livre purement autobiographique d’Amélie Nothomb sorti à ce jour, clôturant ainsi le cycle du Japon.

Mise en situation : dans ce livre, nous allons suivre Amélie retournant au Japon après bien des années. Cela fait plus de seize ans qu’elle n’y est pas allée, laissant derrière elle Nishio-san et le Japon de son enfance (venant de Métaphysique Des Tubes), l’ambiance salariale du Japon (vue dans Stupeur Et Tremblements) et même le fiancé éconduit de ses vingt ans (reconnu dans Ni D’Eve Ni D’Adam). Dans ce roman, Amélie retournera au Japon un an après la catastrophe nucléaire de Fukushima. 16 ans après son départ. Elle retournera sur les traces des villes de sa vie, et de ses fantômes du passé ; Nishio-san, Rinri son ex-fiancé, son ancienne école, etc.

Bon, je fais une petite parenthèse avant d’entamer ma véritable critique. Il va sans dire que ce livre, puisqu’il revient sur les personnes rencontrées dans les précédents livres d’Amélie se concentrant sur sa vie au Japon, doit fondamentalement être lu APRES les trois livres cités plus haut. Enfin…vous pouvez lire celui-ci avant les autres, mais cette action serait ô combien stupide car vous raterez tout le concept même du livre qui tient lieu de « suite » (si je peux utiliser ce terme grossier).

Ainsi nous retrouvons Amélie, encore une fois. Elle a laissé des années derrière elle, mais nous la retrouvons encore une fois, toujours autant drolatique sans qu’elle ne le fasse exprès. Charmante. Amusante.

Dans ce livre nous allons apprendre une notion japonaise autour de laquelle ce livre prend tout son sens : natsukashii = nostalgie sans regrets, nostalgie heureuse. Une notion propre aux japonais qui semble très peu présente en Occident et magnifiquement poétique. En Occident, et en France notamment, la nostalgie est aperçue comme une sorte de brise fraiche qui nous donne une sentiment de perte, de pensées dédiées au passé ; nous sommes nostalgiques, tristes d’avoir un évènement X derrière nous. Au Japon, une notion existe pour un sentiment semblable en rien à notre nostalgie : la nostalgie heureuse ou natsukashii. Ainsi, Amélie va faire un voyage au Japon qui reposera sur cette corde raide faisant la distinction entre le natsukashii et la nostalgie.

Ce livre est tellement émouvant ! Quand j’en parle, j’ai l’habitude d’en avoir des trémolos dans la voix. Voir Amélie retrouver toutes ces personnes, perdues il y a des années, me fait perdre tous mes moyens. Rinri, qui n’a pas changé d’un iota depuis ces 16 longues années ; Nishio-san (la gouvernante d’Amélie lorsqu’elle n’avait que 3 ans) qui se retrouve seule et abandonnée… Lors de ces retrouvailles, Amélie pleurait et je l’accompagnais alors sans même avoir à donner mon consentement.

Mais la puissance du récit, c’est qu’Amélie nous donne de très beaux sentiments, tout en restant drôle. Nous n’avons pas ici un roman larmoyant, un roman où nous pleurons tout le temps. Des scènes amusantes ornent ce récit telles de petites perles sur une tenue traditionnelle. Elles sont rares et précieuses, apportant leur touche de lumière chaude.

Dans ce livre, Amélie pleurait d’émotion – grâce à ces retrouvailles enchantées, on en pleure de joie. Ce sont des larmes de crocodiles versées avec attendrissement. Le natsukashii coule depuis nos globes oculaires devant tant de bons sentiments. C’est magnifique, le natsukashii, cette nostalgie heureuse.

Passages et citations :

«            Le week-end suivant, je dînai avec mes parents. J’avais prévu de leur parler de l’imminence de mon voyage au Japon et de ces deux conversations téléphoniques. Au moment de le faire, rien ne sortit de ma bouche.
              C’est un phénomène qui m’arrive souvent, surtout avec les miens : je veux confier quelque chose qui me paraît important et le mécanisme se bloque. Ce n’est pas physique, il me reste de la voix. C’est de nature logique. Je suis assaillie par cette interrogation : « Pourquoi le dirais-je ? » Faute de trouver une réponse, je me tais. »

«            Sauf qu’en été, Tokyo a le meilleur climat du monde : splendide et sec. En ouvrant les rideaux, je reconnais ce ciel : il fait beau et c’est l’habitude. Dans la rue, je vois se promener un authentique proxénète, identifiable à son manteau de fourrure vert émeraude, à sa chemise noire et sa cravate blanche. Ce signe de la permanence des choses intensifie mon excellente humeur. »

«            A la tombée du soir, nous allons dans un bar à oxygène, du côté de Kabukicho. Il s’agit plutôt d’une série de couveuses : on nous fait signer une vingtaine de dérogations selon lesquelles nous acceptons de mourir au cours de cette expérience et on nous installe chacun dans un caisson où nous sommes bombardés d’un excès d’oxygène une heure durant.
              Une hôtesse vêtue en infirmière vient fermer nos caissons en nous annonçant que nous allons éprouver des hallucinations du plus haut intérêt. Elle nous avertit qu’en cas de panique, nous pouvons appuyer sur le bouton rouge.
              Au terme des soixante minutes, aucun bouton rouge ne s’est allumé. Nous échangeons nos témoignages : Yumeto et moi avons aussitôt sombré dans le sommeil ; la réalisatrice a senti monter une crise de claustrophobie contre laquelle elle a lutté par la méditation ; quant au réalisateur, il a passé l’heure à se demander où il avait oublié le rouleau de gaffer. »

Un avis sur « La Nostalgie Heureuse – Amélie Nothomb »

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer