Dépressions – Herta Müller

Titre : Dépressions

Auteure : Herta Müller

Editeur : Folio

Nombre de pages : 237

Date de parution : 08/02/2018

4ème de couverture : En dix-neuf nouvelles d’une poésie brutale et déroutante, Herta Müller dévoile, à travers le regard d’une petite fille, l’univers clos de la communauté germanophone de Roumanie dans les années 1970, dont le quotidien ne semble être qu’oppression, mensonge et violence.

Critique :

Alors. Parlons de ce livre. Dépressions par Herta Müller, une femme Nobelisée en 2009, me tentait beaucoup de par le titre et mon ambition de lire tous les auteurs Nobelisés. Il m’a été offert par man super ami.e, j’ai nommé Ophélie (je mets à disposition un lien vers son compte Instagram juste ICI) pour les fêtes de fins d’année 2020. Je te remercie encore pour cela, si jamais tu passes par-là ^^.

Parlons peu, parlons Dépressions. Il s’agit non pas d’un roman, mais d’un recueil de nouvelles. Alors oui, vous allez vous dire que c’est étrange de ma part de lire ce livre, moi qui n’aime pas les nouvelles, je vous confirme que j’ai des envies contradictoires, mais comprenez bien que je puis faire des concessions pour les Prix Nobel de Littérature ! Et puis le sujet est tentant !

Ce livre est celui du quotidien d’un village allemand en Roumanie. Nous allons avoir le droit à très exactement 19 nouvelles se concentrant sur les différentes facettes et personnalités d’un village Roumain dans l’après-guerre.

La particularité du récit est que dans ce village, tout le monde est gagné par la noirceur. Celle-ci est omniprésente. Quotidien de labeur, d’hommes et de femmes qui animent leur corps pour labourer la terre, préparer les repas, planter une clôture, frotter le sol, ainsi que côtoyer la mort, les rêves et les inquiétudes. Dans ces 19 récits de longueur TRES inégales (pour preuve, nous pouvons prendre l’exemple de la nouvelle nommée Journée de travail qui fait littéralement 2 pages, et en comparaison la nouvelle Dépressions qui, elle, est composée de 115 pages – ce qui en fait la plus grande nouvelle du recueil), nous allons nous pencher sur tous les penchants du quotidien de cette petite communauté roumaine, mais tout sera régné par une sorte d’épais nuage noir planant sur l’ensemble du village (métaphoriquement parlant, bien sûr). C’est comme si tous les personnages ne devaient voir que le mal partout, et que la finalité de la vie de ce recueil…eh bien…c’était la mort inévitable.

Ensuite, outre la monotonie du récit assez déprimante (si, je vous jure), nous avons le droit à un éclaircissement de l’ambiance du récit. Ce que je veux dire par là ? L’auteure nous conte ces nouvelles d’une plume très poétique, ce qui a comme vertu (ou non ?) de faire subir aux histoires une traitement bien assez antinomique : en les contant de manière simple, avec de courtes et simples phrases, les nouvelles ne paraissent que bien plus tragiques ! Les habitants se morfondent en silence dans un quotidien de silence ; c’est avec un quotidien insignifiant – et des tâches qui le sont tout autant – que les habitants purgent leur peine (à comprendre ici leur vie).

J’ai pas mal apprécié ce récit…mais comme je m’y attendais, je n’ai tant apprécié l’aspect ‘recueil de nouvelles’ que prend ce livre. J’aurais aimé suivre le quotidien insignifiant de ces habitants insignifiants avec le point de vue d’un seul personnage nous introduisant tout le paysage de cette bourgade. Le fait que ces nouvelles furent des nouvelles m’a posé problème, comme d’habitude.

Passage :

«            Je vais m’habiller en noir toute ma vie, dit-elle.
              Elle mit le feu à un bout de la natte. Qui allait d’une extrémité de la table à l’autre. La natte brûla comme une mèche. Le feu la lécha et la dévora.
              En Russie ils m’ont tondue. C’était la moindre des punitions, dit-elle. Je chancelais tellement j’avais faim. La nuit je me suis glissée dans un champ de betteraves. Le gardien avait un fusil. S’il m’avait vue, il m’aurait tuée. Le champ était silencieux. C’était la fin de l’automne et les feuilles de betterave étaient noires et recroquevillées à cause du gel.
              Je ne voyais plus la mère. La natte brûlait encore. La pièce était pleine de fumée.
              Ils t’ont tuée, dit la mère.
              Nous ne voyions plus, il y avait tant de fumée dans la pièce. J’entendis ses pas juste à côté de moi. Je la cherchai à tâtons les bras tendus.
              Elle ficha tout à coup ses doigts osseux dans mes cheveux. Elle me secoua la tête. Je criai.
              J’ouvris les yeux. La pièce tournoyait. J’étais enfermée, allongée dans une boule de fleurs blanches fanés.
              J’eus alors le sentiment que l’immeuble se renversait et se déversait dans le sol.
              Le réveil sonna. C’était samedi matin, cinq heures et demie. »

2 commentaires sur « Dépressions – Herta Müller »

Laisser un commentaire

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer