Quelque Chose À Te Dire – Carole Fives

Titre : Quelque Chose A Te Dire

Auteure : Carole Fives

Note : 15/20

Editeur : Gallimard (collection Blanche)

Genre : roman

Sous-genre(s) : récit // contemporain

Mise en situation : Elsa Feuillet est une fervente admiratrice de Béatrice Blandy, éminente romancière contemporaine tout récemment décédée. Pour lui rendre hommage, elle écrira un roman avec, en exergue, une citation de cette défunte. Thomas Blandy va désirer rencontrer Elsa pour discuter de sa femme décédée, et alors leur relation va changer petit à petit.

Critique :

Carole Fives commence à être un nom à retenir dans le champ d’action éditorial français. Elle nous signe un roman décrit par Gallimard comme un « thriller troublant » alors que j’aurais plutôt décrit ce livre comme une douce fable. Une histoire d’identité, sans aucun doute. Le personnage principal, douce mijaurée parfois, semble être une masse vivante qui fluctue au gré des identités au fil des pages. L’amour et la passion se confondant de sa carcasse à celle d’un homme, elle est dirigée par une force supérieure. Dirigée, habitée par Béatrice Blandy, elles se confondent dans la compréhension, dans la pensée, puis dans la création. Ce texte est d’une humanité profonde, un fanatisme encore plein de rêves et d’espoirs, entêtant. Une personnalité indiscrète qui va peut-être trop loin. Le côté « touche-à-tout-jusqu’à-la-profondeur-de-la-connaissance » de Madame Elsa Feuillet m’a assez touché. Je me suis reconnu dans cette perspective de vouloir s’approcher au plus près de l’œuvre, de l’Œuvre et de son artiste. Je me suis reconnu, même si j’ai déploré les pratiques d’Elsa qui m’ont paru bien peu respectables déontologiquement parlant. C’est un livre sur la création artistique, et il a présenté un discours métalittéraire très intéressant, dans l’approche, et dans la justesse ; j’ai réussi à en tirer une sorte de critique de la course à l’argent dans le milieu éditorial, qui occulte toute représentation – et présence – d’art dans le milieu : les valeurs se perdent, les qualités se dissolvent. Le discours sur la différence entre le plagiat, l’inspiration et la nutrition m’a profondément marqué en ce texte, je pense qu’il s’agissait de la chose la plus intéressante qu’il contenait. Sinon, j’ai tout de même été déçu par la fixité et la caractérisation banale de la langue employée au sein du texte : des phrase simples, des termes modernes et jeunes, qui m’ont semblés sales et inutiles, facilement remplaçables par d’autres, plus propres… Et puis la finalité du roman m’a quelque peu perturbé, je ne saurais pas vraiment qu’en dire excepté que je m’y attendais depuis un bon moment déjà. Le destin d’Elsa m’a laissé froid, puisque logique, et puis l’explication sur ce fameux projet qu’elle se projette de faire m’a semblé décousu et rajouté à la dernière minute. J’ai été déçu de ce mot final.

Je me suis procuré de livre car il m’intéressait et promettait un discours métalittéraire puissant. Ce discours, je l’ai eu. On parle de création, de trahison artistique, ou encore de transfiguration schizophrénique à l’égard d’un être fantasmé. Mais je n’ai pas été haleté, ni surpris ; la narration était très basique. Finalement, ce texte ressemble à beaucoup d’autres du paysage contemporain.

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