Pelléas Et Mélisande – Maurice Maeterlinck

Titre : Pelléas Et Mélisande

Auteur : Maurice Maeterlinck

Note : 20/20

Editeur : Folio

Nombre de pages : 137 (ou 227 si on compte les notices en fin d’ouvrage)

Date de parution originelle : mai 1893

Date de parution actuelle : 6 février 2020

4e de couverture : Golaud rencontre Mélisande au fond d’une forêt. Il ne sait qui elle est ni d’où elle vient, et elle-même ne sait pas le lui dire, semblant perdue dans la forêt comme sur la terre. Golaud épouse Mélisande et l’emmène chez lui, au pays d’Allemonde, où règne le vieil Arkël. Mais Mélisande tombe amoureuse de Pelléas, le frère de Golaud. Tout pourrait conduire à une simple tragédie bourgeoise, dans ce conte aux allures médiévales. Mais le mystère qui entoure chaque personnage, la manière dont chacun semble étranger à lui-même et aux autres, les forces irrésistibles qui les entraînent, érigent cette histoire au rang de mythe. Il est temps de redécouvrir ce grand texte, au-delà de l’opéra de Debussy.

Critique :

Pour la fin de mes cours de lectures théâtrales, après La Dispute de Marivaux et Angelo, Tyran De Padoue de Victor Hugo, nous nous avons abordé le domaine du symbolisme dans le théâtre en abordant l’œuvre de Maurice Maeterlinck, nobélisé en 1911, en étudiant son Pelléas Et Mélisande. De loin son œuvre la plus célèbre, elle fut reprise par Claude Debussy qui en fit un opéra en 1902 avant de tomber dans l’oubli.

Golaud est un prince du royaume d’Allemonde et, lors d’une promenade dans la forêt suite à une séance de chasse, tombe sur une étrange jeune femme nommée Mélisande. Elle est amnésique et totalement effrayée suite à ce qui semblerait être un épisode traumatisant vécu. Golaud la ramènera chez lui et ils se marieront. Six mois après leur mariage, le couple débarque au château du roi : là, Mélisande fera la connaissance de toute la famille de son mari, et plus particulièrement de son frère, Pelléas.

Cette pièce est très particulière puisque nous ne savons presque rien des différents personnages qui la compose. Cette pièce entre dans l’esthétisme du symbolisme et donc tout n’est que symbole, même les personnages particulièrement vides mais reflétant une importance du silence et qui forment une oppression de l’ignorance forte. Le fait que l’on ne sache presque rien d’eux (nous apprenons des choses sur Golaud, mais strictement rien à propos de Mélisande par exemple) nous fait nous concentrer sur la véritable importance de la pièce : cet amour entre Mélisande et Pelléas qui naît à partir du vide et qui sera sans cesse à proximité de la mort.

Toute cette ambiance du flou par le manque de connaissance sur le passif des personnages est accentuée par d’autres détails tels que l’absence de cadre spatio-temporel, une chronologie narrative obscure, l’omniprésence de la nuit, l’atemporalité du récit ainsi que le nombre restreint de personnages actant. Tous ces détails sont au service de la pièce, la faisant passer de symbolique à une pièce totalement hors du temps et presque métaphysique, onirique.

Durant toute la pièce, il y a un endroit qui sera sans cesse visité par les personnages : les jardins du château contenant eux-mêmes la « fontaine des aveugles ». Cette pièce tient une omniprésence de l’élément aquatique, et cette eau omniprésente est facilement considérable, selon des codes précis, comme une symbolique aux interprétations multiples. L’eau représente l’aveuglement, la prise de conscience, la mort, la vie, aussi la renaissance… Cette pièce est aquifère, l’eau se tient sous sa surface et dans tout sa longueur, elle ressort quand on ne s’y attend pas, et fragilise l’espace. C’était très intéressant d’observer cela, et ce phénomène est tellement maîtrisé qu’il en devient impressionnant.

Le personnage principal de cette pièce, Mélisande, tient un rôle si complexe qu’il semble fracturé et souvent bien incompris. Cette femme (toujours décrite comme une ‘jeune fille’, dans la pièce) est égocentrique, perdue, et semble partiellement irréelle. Elle est trouvée dans cette forêt sombre par Golaud, symboliquement son « sauveur » mais également son « massacreur ». Mélisande est perdue au début de la pièce, et le sera tout au long des scènes. Elle sera son plus grand point faible : cette vie qu’elle a toujours cherché et qu’elle n’aura jamais trouvé. Son personnage est d’autant bien écrit et parfait qu’il semble déchiré dans les mots autant que dans le comportement. Elle représente la parfaite complexité narrative qu’une pièce de théâtre peut offrir.

Cette pièce de théâtre, découverte par mes cours de fac, fut une immense découverte. Un coup de cœur total. J’ai adoré découvrir cette pièce symbolique, fantomatique, fantastique tout autant qu’énigmatique et cathartique. Quand nous lisons ces mots, nous nous vidons du reste, et celui-ci ne revient jamais. Tout est abstrait, tout est sombre ; une fois la lecture est finie, la vie l’est aussi.

Citations :

« MELISANDE : Je ne sais pas moi-même ce que c’est… Si je pouvais vous le dire, je vous le dirais… C’est quelque chose qui est plus fort que moi…
GOLAUD : Voyons ; sois raisonnable, Mélisande. – Que veux-tu que je fasse ? – Tu n’es plus une enfant. Est-ce moi que tu voudrais quitter ?
MELISANDE : Oh ! non, non ; ce n’est pas cela… Je voudrais m’en aller avec vous… C’est ici, que je ne peux plus vivre… Je sens que je ne vivrai plus longtemps… »

« MELISANDE : Si, si ; je suis heureuse, mais je suis triste…
PELLEAS : On est triste, souvent, quand on s’aime… »

« MELISANDE : Comme nos ombres sont grandes ce soir !
PELLEAS : Elles s’enlacent jusqu’au fond du jardin… Oh ! qu’elles s’embrassent loin de nous ! »

3 commentaires sur « Pelléas Et Mélisande – Maurice Maeterlinck »

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